Un témoignage personnel
Vivre avec un traumatisme psychologique et les troubles obsessionnels compulsifs (TOC) est un combat constant.

Dans mon passé, je n'avais aucune idée que mes comportements répétitifs étaient les signes avant-coureurs d'une souffrance plus profonde, liée à un TSPT que je ne comprenais pas à l'époque.
Ce n’est que bien plus tard, après une longue thérapie, que j'ai pu mettre des mots sur ce que je vivais intérieurement.
Les TOC ont commencé progressivement.
Tout a commencé avec des petites habitudes, comme les objets que je plaçais de manière précise, en impaires sur les meubles, puis dans le frigo, dans la chambre des enfants, la porte d'entrée, dans mon porte-monnaie et sac à mains, chaque poches avait un nombre impaire de pièces de billets et ou cartes et papiers. Ces rituels sont devenus de plus en plus envahissants.
Parfois, je ne pouvais pas sortir les jours pairs, un sentiment de peur m'envahissait et je croyais qu'un malheur surviendrait si je ne suivais pas ces rituels.
Au début, j’ai tenté de minimiser ce phénomène, de me dire que c'était juste une manière de gérer ma peur. Mais cela est devenu incontrôlable.
Plus les mois passaient, plus cela affectait ma vie. Par la suite j'avais développer un trouble supplémentaire, le toc de la propreté excessif, un besoin de tout nettoyer constamment, de tout ranger de manière irréprochable, et si cela n'était pas fait, l'angoisse occupait tout mon être.
Cela rendait l'atmosphère invivable pour mes enfants et proches, et pour moi, cela devenait de plus en plus lourd à gérer.
J'ai alors décidé de consulter un thérapeute, mais au départ, cela n'a fait qu'aggraver la situation, car je ne voulais pas parler, je voulais juste arrêter cela.
Finalement, après plusieurs mois et avec beaucoup de courage, j'ai cherché une approche différente et j'ai opté pour une méthode plus douce avec une kinésiologue. Cela m’a permis de calmer ces TOC, mais sans traiter la cause réel.
Ce n'est que quelques année plus tard, avec un nouveau un choc traumatique supplémentaire que tout a éclaté.
Le passé et le présent se sont entremêlés, et j'ai commencé à vivre un vrai déluge de flashbacks.
C'était le début d'un combat sans fin contre une mémoire refoulée, contre une réalité qui ressurgissait violemment. Lire article "Tout un parcours"
Aujourd'hui encore, le stress, l’angoisse et la peur m’accompagnent partout. Je vis dans une prison invisible, détruite par des sursauts, des tremblements, l’angoisse liée à des bruits, à des situations sociales qui semblent anodines mais qui sont invivables pour moi.
Prendre le bus ou le train, aller dans une grande surface ou même croiser un homme grand et fort dans la rue devient un stress.
Plus le bruit est fort, plus il m’affecte. Il y a des sons qui me foudroient de terreur : le cri d’un enfant, les sirènes des ambulances, la sonnette de ma porte, ou même juste un téléphone qui vibre. Chaque son me transperce, me fait sursauter.
Lorsqu'on me parle trop brusquement ou que l’on rit autour de moi, cela me plonge dans l'incertitude : "Que m’arrive-t-il ?", "Est-ce que c'est pour moi ?", "Que pensent-ils de moi ?". Ces pensées envahissent mon esprit constamment.
Autrefois passionnée par les concerts et les festivals, ces lieux sont devenus inaccessibles pour moi.
Les grandes surfaces, avec leur foule et leur bruit incessant, se transforment en véritables défis, et je ne peux plus faire mes courses ou sortir mon chien dans le quartier sans la présence rassurante d’un proche.
Un simple visage inconnu ou un cri fort déclenchent en moi une peur paralysante, me forçant souvent à éviter tout contact.
Même chez moi, la sonnerie du téléphone ou le mode vibreur me submergent d’angoisse, et la moindre vibration semble m’éloigner de la sécurité que j’attends de mon environnement.
Je me souviens d’un jour où, seule, car mon mari et mon fils étaient absents la sonnette de la porte a retenti et m’a laissée terrassée, recluse dans ma chambre pendant une vingtaine de minutes avant que mon mari rentre.
Chaque bruit, chaque interaction, même dans le confort supposé de mon foyer, devient un rappel douloureux de mes traumatismes.
C’est ce genre d’épisode qui me font comprendre pourquoi je ne peux tout simplement pas vivre seul(e) sans aide.
Même aller chez le médecin devient un défi que je dois affronter avec beaucoup de prudence et d'accompagnement. Cela aussi, c'est devenu un calvaire pour moi. Je ne peux me rendre à un rendez-vous sans être accompagnée d’un proche, et même à cela il y a des limites, comme ce besoin compulsif de ne pas être débordée en salle d'attente, où l'activité extérieure devient un rouleau compresseur d'incertitude. Commentaires, regards et gestes des autres exacerbent mes angoisses de plus en plus.
Je pense qu’avec le recul, si j’avais agi plus tôt, ma vie aurait peut-être pris une autre tournure.
Mon quotidien ressemble souvent à une prison, un terme dur mais qui décrit bien ce que je ressens. Vivre avec le TSPT signifie faire face chaque jour à des sursauts d’angoisse et des tremblements émotionnels, des réactions qui m’assaillent à chaque déclencheur.
Malgré tout, je me bats chaque jour.
Parfois, je perds la bataille, et d’autres fois, je remporte de petites victoires qui me permettent de continuer à avancer.
Ce combat quotidien contre des réactions automatiques est difficile, mais il m’a appris à ne pas ignorer mes émotions et à les affronter.
Je travaille constamment pour transformer cette douleur en force et retrouver, petit à petit, une vie plus libre et sereine.
Mon témoignage est un appel à la compréhension et au soutien pour toutes les personnes qui, comme moi, vivent dans l’ombre de leurs traumatismes.
Pas de solution rapide, pas de guérison complète, mais des pas constants pour sortir de l’ombre.
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