top of page

L’enfance marque le futur

Photo du rédacteur: Sortir de l'OmbreSortir de l'Ombre

Dernière mise à jour : il y a 2 jours

Témoignage : Grandir dans la peur, survivre dans le silence


Il m’a fallu des années pour comprendre que mon enfance n’avait rien de normal. Et encore plus d’années pour réaliser qu’elle laisserait des cicatrices invisibles, mais bien réelles, tout au long de ma vie.

Plateforme de soutien et sensibilisation dédiée au Trouble de Stress Post-Traumatique (TSPT voir SSPT). Briser le silence du TSPT et son handicape. Sortir de l'Ombre - Suisse - Vaud

Certains se souviennent de leur enfance avec nostalgie, d’une passion transmise par leurs parents, de moments de tendresse et de complicité.

Moi, mes souvenirs sont flous, éparpillés, comme effacés par un mécanisme inconscient de protection.

Mon entourage ne comprend pas toujours ou on peine à croire que tant d’années se sont évaporées de ma mémoire. J’ai essayé de reconstruire le puzzle de mon passé, mais certaines pièces restent introuvables ou trop marquante pour être creusée même par de l'hypnose.


En tant qu'enfant, je ne me souviens pas de ma mère. Pas de son visage, ni de moments passés avec elle.

Ce qu’il me reste, c’est un vide immense, un manque omniprésent.

Ce manque, je l’ai ressenti chaque soir, les genoux au sol, priant pour qu’elle revienne.

Du nombre de fois où, sous les coups de mon père, j’espérais qu’elle apparaisse et me protège. Mais elle ne revenait jamais.

Se qui est particulier c'est que j'ai de petits souvenir d'une période de mon enfance, d'un quartier en particulier et de certain de ces voisins.

Donc je sais qu'à une période j'ai été chez elle, mais je ne m'en souviens pas.

Le seul souvenir précis que j’ai d’elle ? Une conversation avec mon père où il me disait qu’il allait encore devoir aller devant la justice contre elle. C'est tout !


Mon père, lui, est une autre histoire.

Il n’était pas ce papa modèle que l’on admire, pas ce papa rassurant à qui l’on peut se confier. Il était un monstre d’autorité, un mur infranchissable de violence et de peur.

Pendant des années, j’ai cru que tout était de ma faute : le divorce de mes parents, l’absence de ma mère, la tristesse de ma grand-mère, sa colère. Je portais ce poids sur mes épaules d’enfant, persuadée que j’étais responsable de tout.


Il est rare que j’utilise le mot "père" ou "mère" en parlant d’eux. Ces mots portent en eux une charge émotionnelle que je préfère éviter. Je les appelle "géniteurs", non pas par haine, mais par instinct de survie.

Attendre quelque chose d’eux, même aujourd’hui, serait un espoir vain.

Pourtant, parfois, je me surprends à me demander s’il pense à moi, s’il a des regrets, s’il sait seulement le mal qu’il a fait.


Les souvenirs qui refont surface sont d’une brutalité insoutenable.

Une gifle si violente au réveil que je perdais connaissance, mais il fallait quand même aller à l’école comme si de rien n’était.


Ma belle-mère, enfermée dans une chambre sombre, le corps couvert de bleus, cachée du monde derrière des volets fermés. Mais même dans l’obscurité, on voyait les marques. Les jours où elle disparaissait, nous savions qu’elle était à l’hôpital. Officiellement, elle était tombée dans les escaliers de la cave. Bien sûr, par notre faute.


Les dames en culottes à paillettes qui défilaient à la maison, leurs talons résonnant dans le couloir, fessait qu'on savait, ma sœur et moi, ce que cela signifiait.

On savait aussi que, lorsqu’il partait à la Poste la nuit, on ne le reverrait que le matin, souvent colérique.


À la maison, la peur était une compagne de tous les instants.

Les notes d’école étaient falsifiées, les bulletins trafiqués, car rentrer avec une mauvaise note signifiait encore des coups, des humiliations. La nausée était permanente, pas seulement par peur, mais parce que sans m'en rendre compte, mon corps lui-même rejetait cette vie.


Et dehors, personne ne disait rien.

Un des voisin nous observait à la jumelle, témoin silencieux d’une horreur quotidienne.

La police venait, regardait mon père et lui disait simplement de se calmer.


Un professeur, un éducateur m’ont tendu la main, mais avec des mots vides de sens : "Si tu veux parler, on est là."

J’ai tenté une fois. Ils ont appelé à la maison.

Ce jour-là, j’ai compris que le silence était ma seule protection.


À 16 ans, une consultation chez le gynécologue m’a révélé ce que mon esprit avait caché. Il a fallu qu’un médecin me dise que mon corps portait les marques d’un abus passé pour que je comprenne que mes souvenirs refoulés n’étaient pas des inventions. Une déchirure, une malformation. Une preuve silencieuse de ce que j’avais subi.


Aujourd’hui, je vis sans réponse et avec un trouble de stress post-traumatique, une fibromyalgie, et d’autres séquelles invisibles.


Mon enfance m’a volé mon avenir, m’a désorientée dans une vie qui aurait dû être différente. Mais malgré tout, je refuse de rester dans l’ombre.


Parce que ces histoires ne sont pas juste du passé.

Parce que des enfants, aujourd’hui encore, vivent ce que j’ai vécu.

Parce que trop de témoins détournent encore le regard.

Il est temps d’agir. Il est temps de briser le silence.



Des séquelles invisibles, mais bien réelles

Aujourd’hui, je vis avec ce passé. Ce passé qui a volé mon futur.

Je porte en moi les traces indélébiles du TSPT, de la fibromyalgie, des angoisses qui ne me quittent jamais.

Je ne peux pas aller seule en grande surface : trop de bruit, trop de monde, trop de danger.

Je ne peux pas sortir mon chien seule, car l’idée de croiser un homme imposant me paralyse.

Je ne peux pas répondre au téléphone, parce que la sonnerie me tétanise.

Je ne peux pas ouvrir la porte quand on sonne. La dernière fois, mon mari m’a retrouvée terrassée par la peur, cachée dans une pièce.

Je sursaute au moindre cri, au moindre bruit soudain.


Et pourtant… je combats chaque jour.

Chaque sortie, chaque appel, chaque moment où je prends sur moi, c’est une victoire.

Parfois, je perds la bataille, mais parfois je la gagne.


Et c’est ces victoires que je veux retenir.


Changer les choses

Ce témoignage date d'une enfance des années 80 et 90.

Mais rien n’a vraiment changé.

Des enfants vivent encore ces horreurs aujourd’hui.

Des voisins ferment encore les yeux.

Des enseignants se doutent, mais n’agissent pas.

Des policiers calment, mais ne protègent pas.

Il est temps que ça change.

Comments


TSPT de l'Ombre

Le plus important aujourd’hui !

C'est de sensibiliser et de reconnaître

ce mal venu de l’ombre, silencieux mais bien réel,

pour enfin lui donner une voix et une lumière.

Plateforme de soutien et sensibilisation dédiée au Trouble de Stress Post-Traumatique (TSPT voir SSPT). Briser le silence du TSPT et son handicape. Sortir de l'Ombre - Suisse - Vaud
bottom of page